Annecy 2025 - Rencontre avec Chris Miller : "Mettons Les Schtroumpfs sur une autre planète et voyons comment ils réagissent"

À l’occasion du Festival d’Animation d’Annecy, le réalisateur Chris Miller est revenu sur le prochain film des Schtroumpfs, attendu au cinéma le 16 juillet 2025.

Paramount Animation a vu les choses en grand cette année. Avant le prochain film consacré aux Tortues Ninjas en 2027, le studio d’animation proposera en 2025 deux films basés sur deux franchises importantes : Les Schtroumpfs et Bob l’Éponge. Chris Miller (pas le copain de Phil Lord, un autre), réalisateur de Les Schtroumpfs - Le film, revient sur cette nouvelle adaptation de la bande-dessinée culte.

Interview par Robin Nègre 

PREMIÈRE : Quand on parle des Schtroumpfs, le design imaginé par Peyo demeure intemporel et traverse les époques. En tant qu’artiste américain, quel regard avez-vous sur cette bande-dessinée en particulier et sur les différences entre la BD franco-belge, les comics ou même les mangas ?

CHRIS MILLER : Quand je regarde la BD franco-belge, que cela soit Les Schtroumpfs, Astérix ou Tintin, d’ailleurs, je vois ce mouvement constant dans les pages. Elles sont continuellement pleine de vie. J’ai grandi avec Marvel Comics et notamment avec le travail de Jack Kirby, qui est très graphique, avec beaucoup de proportions imposantes différentes de la BD franco-belge. En grandissant, je me suis initié aussi à de la bande-dessinée plus sombre, parfois trop. En tombant sur Les Schtroumpfs, j’ai eu un plaisir de lecture instantané qui me procure l’envie de vivre avec eux et de les suivre dans leurs aventures.

Chaque bande-dessinée des Schtroumpfs est assez indépendante l’une de l’autre et tout peut se lire plus ou moins dans n’importe quel ordre. Votre présentation montre dès le début que la mythologie des Schtroumpfs va être plus développée ? 

Dans le film, le monde des Schtroumpfs est un monde familier. En le regardant, on se dit que l’on connait les personnages et les différents Schtroumpfs. Eux-même se connaissent entre eux. Mais quelque chose fait que ce monde-là bascule. Le Grand Schtroumpf est kidnappé, le film se transforme en mission de sauvetage. Il faut quitter la forêt et voyager à travers plusieurs univers jusque dans notre monde, notamment. Prenons les Schtroumpfs, mettons les sur une autre planète et voyons comment ils réagissent. Ce sont des personnages intéressants. Ils sont toujours partants, ils sont toujours là les uns pour les autres, toujours sincères, jamais cyniques. Dans ce film, je voulais accentuer l’idée qu’ils ne sont pas naïfs, ils ont une certaine expérience. 

Il y a une belle liberté avec Les Schtroumpfs, d’autant plus sur un long-métrage inédit. Mais quel est à la limite ? À quel moment on se dit qu’on pourrait perdre l’essence de l’œuvre originale ?

Si on établit une sorte de ligne de conduite, c’est assez simple. On sait comment les Schtroumpfs vont réagir, comment ils vont se comporter entre eux. On vérifie. On sait quand on s’égare ou quand on est allé trop loin. La réponse courte à votre question ? Oui, parfois, on peut perdre l’essence des Schtroumpfs et on se dit « mais qui sont ces personnages que j’ai devant moi ? », puis on ajuste, on rajoute des choses, on en enlève… Mais en même temps on veut raconter une histoire plus « grande » et ça reste libérateur. Qui sont les Schtroumpfs et quel est leur rôle dans le monde ? Ils vont découvrir un secret, on va répondre à cette question :  « Le Grand Schtroumpf ne vous a pas dit pourquoi vous êtes dans cette forêt ? » Ils vont le découvrir lors de ce grand voyage.

Il y a aussi un thème autour de l’identité ? Avec le Schtroumpf Sans Nom qui se questionne ?

Les Schtroumpfs naissent avec un but et une identité, le Schtroumpf Sans Nom pense qu’il n’appartiendra jamais au groupe et qu’il ne sera pas complet à moins de trouver sa caractéristique unique. « Je dois découvrir qui je suis ». Je pense que c’est un thème auquel le public peut aisément s’identifier, cela résonne avec tout le monde. Dans le film, le seul personnage qui arrive à comprendre le mal-être du Schtroumpf Sans Nom est la Schtroumpfette, car c’est aussi une « outsider » au passé différent des autres. Elle va l’accompagner dans cette quête d’identité. Ils sont tous les deux au cœur du film.

Les antagonistes sont nombreux dans le film, mais Gargamel reste le méchant de prédilection des Schtroumpfs. Comment on appréhende un personnage comme celui-ci ?

Il y a une tension fraternelle entre Gargamel et son frère. Ajouter d’autres méchants et complexifier les relations était avant tout très fun. Gargamel a aussi un chemin à faire et cherche l’approbation de son frère. C’était une opportunité de faire quelque chose avec lui de moins linéaire que d’habitude. On le voit souvent comme le méchant qui échoue, qui revient, qui échoue à nouveau, qui revient etc… Pour l’une des toutes premières fois, Gargamel et les Schtroumpfs vont devoir s’allier, d’une certaine façon, ou collaborer, tout du moins. Mais Gargamel restera Gargamel quoiqu’il en soit, car oui c’est le vilain traditionnel des Schtroumpfs, bien qu’il possède plus de profondeur qu’on pourrait croire !

Les Schtroumpfs - Le Film de Chris Miller sortira dans les salles françaises le 16 juillet 2025.