Chaque jour, retour sur les temps forts de la 49ème édition du festival du film romantique.
Le film du jour: Kika d’Alexe Poukine
C’est le film sur le deuil le plus singulier et inattendu vu depuis longtemps. L’histoire d’une assistante sociale belge percutée par la mort soudaine de l’homme pour lequel elle avait eu un coup de foudre et quitté le père de sa fille. Et qui, désormais seule, enceinte de lui, sans stabilité financière, ni logement, va se retrouver, par un concours de circonstances à… apprendre le métier de dominatrice. Et gagner sa vie comme travailleuse du sexe ! Venue du documentaire, Alexe Poukine évite ici tout misérabilisme comme toute représentation “exotique” du monde BDSM au fil de cette reconstruction vraiment pas comme les autres qui nécessitait une interprète elle aussi pas comme les autres pour épouser ce roller coaster émotionnel sans jamais tomber du manège. Découverte voilà 6 dans La Vérité d’Hirokazu kore- eda, Manon Clavel est de cette trempe- là. Pour son premier grand rôle sur grand écran, sa virtuosité et son naturel mêlés forcent l’admiration et font d’elle la véritable co- créatrice de ce personnage féminin éminemment complexe et incroyablement attachant. L’art des contraires dans toute sa splendeur
Sortie le 12 novembre
La réalisatrice du jour : Sarah Friedland pour A feu doux
Sarah (Kathleen Chalfant, exceptionnelle) a 85 ans. Et cette après- midi- là, cette femme élégante s’est encore plus apprêtée que d’habitude pour ce qui paraît être un rendez- vous galant avec un homme plus jeune qu’elle. Un déjeuner avant de partir ensemble en vacances. Sauf que cet homme n’est pas un amoureux potentiel mais son fils, qu’elle souffre d’un Alzheimer et que la destination surprise est celle de la maison médicalisée où Sarah va passer le reste de ces jours. Les magnifiques et déroutantes 15 premières minutes de ce premier long donne le ton de ce qui va suivre, où la réalisatrice Sarah Friedland trouve le ton juste, jamais plombant ni mièvre, en distillant ici et là des traits d’humour irrésistibles, pour parler de cette sale maladie. Film épuré tant dans ses dialogues que dans les situations qui s’y déploient, A feu doux vous serre le cœur sans vous manipuler, épousant la dignité de son héroïne luttant jusqu’au bout pour valoriser le peu de mémoire qu’il lui reste.
En salles le 13 août 2026
Les actrices du jour : Ella Rumpf et Monia Chokri dans Des preuves d’amour
Toutes deux ont triomphé lors de la cérémonie des César 2024. La première en révélation féminine pour sa prestation dans Le Théorème de Marguerite. La seconde en meilleur film étranger avec Simple comme Sylvain qui avait notamment triomphé d’Oppenheimer. Et Alice Drouard a eu la belle idée de les réunir comme têtes d’affiche de son emballant premier long. Elles y incarnent respectivement Céline et Nadia, un couple au féminin qui attend la naissance de leur premier enfant que Nadia porte. Ce premier long nous entraîne dans l’intimité de ces deux femmes et leur quotidien bouleversé par cette naissance à venir et les questions qu’elle pose à Céline en quête d’une légitimité et d’une place, alors qu’elle doit se lancer dans les méandres bureaucratiques d’une demande d’adoption (nécessitant notamment de rassembler quinze lettres de ses proches attestant qu’elle désire bien ce nouveau- né et sera capable de « bien » s’en occuper) qui ne va faire que renforcer ces doutes. Il y a dans ce film un parfait équilibre entre le concret et le ressenti des choses, forcément différents pour deux femmes aux personnalités aux antipodes. Mais on se situe ici aux antipodes du film à sujet façon feu Les Dossiers de l’écran . Et outre la qualité de l’écriture d’Alice Drouard, on le doit beaucoup à la complicité mais encore plus à l’incarnation de leurs personnages par Ella Rumpf et Monia Chokri. Il y a dans leurs gestes de tendresse comme dans leurs moments de prise de bec un naturel qui donne de la chair et de l’âme au propos. Une énergie, une générosité qui rend les moments plus rudes émouvants voire poignants sans jamais forcer le trait. On aime les voir à l’écran et on n’a aucune envie de les quitter. Irrésistibles de bout en bout.
En salles le 19 novembre
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