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Il faut saluer le distributeur Survivance qui a entrepris de faire connaître au public français l’œuvre de Shinji Somai, réalisateur japonais décédé en 2001 à 53 ans. Un cinéaste adulé par nombre de ses pairs nippons (Kore- eda, Hamaguchi…) mais dont un seul de sa quinzaine de films (le teen movie Typhoon club) avait connu une sortie dans nos salles. Entamé avec le magistral Déménagement, récit d’un divorce vu à travers les yeux d’un gamin de 11 ans puis la ressortie de Typhoon club, ce voyage à travers son œuvre se poursuit donc avec Jardin d’été, réalisé en 1994. Celui- ci met en scène trois enfants, dont l’un revient d’un enterrement et, évoquant avec les deux autres cette expérience, leur diffuse ce qu’il ressent face à la mort : fascination et trouille bleue. Un échange qui pousse ce trio à aller espionner un vieillard excentrique vivant dans une maison isolée qu’ils pressentent à deux doigts de passer de vie à trépas. Un jeu d’enfants né d’une fascination morbide mais qui va, le temps d’un été inoubliable, voir ce trio devenir un quatuor inséparable, brisant les barrières des a priori et des générations. Construite en plans- séquence, sa mise en scène fluide offre un écrin parfait à ce récit aussi ludique que profond, dont l’extrême délicatesse épouse le point de vue de l’enfance et sa capacité à distiller du merveilleux dans chaque petit détail du quotidien. En découle un récit initiatique d’une poésie lumineuse, poignant mais jamais larmoyant, autour de l’acceptation de la mort de ces gamins qui n’oublieront jamais cette parenthèse estivale enchantée.