On regarde quoi ce week-end ?
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Cinéma, streaming, VOD, TV... Retrouvez chaque vendredi les conseils de la rédaction.

Le film en salles : Jardin d'été de Shinji Somai

De Kore-eda à Ryusuke Hamaguchi (Drive my car), on ne compte plus les réalisateurs japonais qui présentent Shinji Somai comme une inspiration majeure de leur cinéma. Disparu prématurément à 53 ans en 2001, la plupart de ses films étaient restés inédits en salles en France jusqu'à ce que le distributeur Survivance répare cet oubli. Et après le magistral Déménagement, on peut admirer depuis mercredi Jardin d'été (réalisé en 1994) où l'improbable amitié entre trois gamins en culotte courte en quête de sensations fortes et un vieillard excentrique installé dans une maison isolée qu'ils pressentent à deux doigts de passer de vie à trépas. Un récit initiatique d'une poésie lumineuse autour de l'acceptation de la mort par des enfants.


Les nouveautés au cinéma cette semaine

 

Le film en streaming : Mr Wolff 2 de Gavin O'Connor

Le comptable est dans la place. Une fois de plus. Ben Affleck revient distribuer ses coups et ses bonus financiers sous le costume de Christian Wolff. Si le premier opus s’était révélé un peu trop sérieux, cette suite assume pleinement son côté déjanté et la john-wickisation de la série. Voir le hitman - autiste hacker un algorithme de speed dating ou apprendre la danse country est aussi absurde que jouissif. Mais la vraie surprise de cette suite, c’est Bernthal. En frangin instable et attachant, il vole chaque scène du film. Leur duo dysfonctionnel structure le film grâce à une alchimie parfaite entre maladresse sociale et efficacité létale –ces deux solitaires ne savent pas être frères, mais excellent à flinguer les méchants. Le scénario n’a rigoureusement aucun sens, mais il permet au moins à Gavin O’Connor d’enchaîner les gunfights spectaculaires et les moments de comédie décalée (voire cringe - l’introduction de Bernthal est un sommet). En quatre mots ? Le compte est bon !

Regardez Mr Wolff 2 sur Prime Video


 

La série : Plaine orientale 

Entre polar mafieux et tragédie familiale, Plaine orientale nous plonge dans la poussière brûlante de l'est de la Corse. Reda, ex-taulard loyal au clan, retrouve sa demi-sœur Inès, jeune juge anti-mafia prête à tout pour briller. Entre identité fracturée, justice et loyauté, Pierre Leccia (Mafiosa) signe une fresque tendue et immersive, portée par Lina El Arabi et Raphaël Acloque. Une peinture percutante du grand banditisme corse (ses voyous, ses règlements de comptes, ses marchés truqués) qui n'a pas peur de la caricature. Le créateur évite l’écueil, en injectant dans sa mécanique policière haletante de vrais enjeux humains et sociaux. Plaine orientale 
impressionne par sa densité narrative, son ancrage territorial et la qualité de son casting quasi intégralement corse.

Regardez Plaine orientale sur Canal+


 

L'évènement : Nuit Blanche 2025 à Paris

Pour les 130 ans de l’envtion du cinéma par les frères Lumière, la ville de Paris a décidé de rendre hommage au 7e art pour sa Nuit Blanche 2025. Nommée directrice artistique de l’évènement, la réalisatrice française Valérie Donzelli a concocté un programme ambitieux. Avec notamment un film d’animation inédit de Michel Gondry à découvrir près de la Gare Montparnasse, des installations disséminées un peu partout dans la capitale et des films de grandes réalisatrices (Agnès Varda, Chantal Akerman, Delphine Seyrig) à (re)découvrir en plein air. Si vous êtes dans la région, profitez-en, en plus c’est gratuit ! 

Le programme de Nuit Blanche 2025

 

Le film en VOD : Un parfait inconnu de James Mangold

Le grand perdant de la dernière cérémonie des Oscars était pourtant le plus beau des "films à Oscars" de la saison passée. Dans le sens noble du terme : un délice d’artisanat hollywoodien de haute volée, au service du récit de la métamorphose électrique de Bob Dylan au milieu des années 60, quand le héraut du folk engagé devient un rocker mal peigné, qui fait enrager les puristes mais propulse le monde dans une nouvelle ère. Reconstitution amoureuse du New York bohême de l’époque, prestation brillante de Timothée Chalamet en superstar dans le brouillard, scènes musicales démentes … Les Oscars ne le savent manifestement pas mais le cinéma US de studio "adulte", intelligent et inspiré, existe encore. Et Bob Dylan (le vrai), qui a validé le projet, est d’accord avec nous. C’est l’essentiel.

Regardez Un parfait inconnu en VOD sur Première Max


 

Le film à la TV : Gladiator 2 de Ridley Scott

La suite du film culte, que personne ne réclamait, n’a pas eu le succès, ni commercial ni critique, du film original sorti en 2000. Le projet d’un Gladiator 3 teasé par Ridley Scoot pendant la promo semble d’ailleurs enterré… N’empêche qu’à Première on a pris notre pied devant cette série B assumée, où Paul Mescal incarne le fils de Maximus et Denzel Washington rejoue son Alonzo Harris de Training Day en toge. Un film too much, avec ses babouins et ses requins en CGI, et son duo d’empereurs dégénrés joués par Joseph Quinn et Fred Hechinger, mais aussi des sacrés moments épiques. Un divertissement total où Scott ne cherche jamais à atteindre la légende de Gladiator, simplement à nous en mettre plein la vue. 

Regardez Gladiator 2 vendredi à 21h sur Canal et en streaming sur MyCanal


 

Le classique : Barry Lyndon de Stanley Kubrick 

Si la notion de tableau vivant au cinéma impose quasi inévitablement un académisme empesé, que dire de ce chef-d’œuvre absolu qu’est Barry Lyndon, œuvre qui érige chaque plan sur un piédestal pictural ? Revu récemment en copie restaurée 4K lors du dernier Festival de Cannes, les incessants zooms-arrière, les trop fameux éclairages à la bougie, les coups de butoir de la Sarabande d’Haendel, la voix off dix-huitièmiste de Michael Horden, nous ont ressauté au visage comme autant de transes esthétiques embaumants un monde voué à l’extinction. La beauté spectrale de ce film de 1975 réside justement dans cette façon de faire de l’espace un tombeau où les êtres et les choses seraient maintenus en vie par la toute-puissance de la mise en scène. Stanley Kubrick regarde l’arriviste Barry (Ryan O’Neal) se perdre dans les entrailles d’une vie triste. Que dire ? On éteint les bougies et on se tait.

Regardez Barry Lyndon dimanche à 21h sur Arte